J’ai toujours aimé faire des conserves.
Sécher.
Déshydrater.
Confire.
Mettre en bocal.
Depuis des années, lorsque je fais mes confitures, je mets l’été en bocal. Tel un écureuil, j’ai mes provisions pour la mauvaise saison.
L’année passée, je me suis lancée dans la mise en conserve de tomates. Je reste modeste : dix à douze kilos de tomates transformés en une douzaine de conserves de tomates.
Simplement.
En hiver, je m’en sers pour accompagner un plat de pâtes en agrémentant ma sauce de boulettes, légumes, lardons, fromage, selon l’humeur et le contenu du frigo.
Au delà de ma tendance naturelle à faire des provisions, cette pratique me relie à mes ancêtres; mes grand-mères, qui, bien plus que moi, devaient cultiver et mettre en réserve les légumes de l’été. Il n’y avait pas de congélateur à l’époque.
Comme elles, je refais les mêmes gestes et utilise les mêmes techniques.
Le temps des confitures me renvoie chaque fois à mon enfance, mais que reste-t-il de mes grand-mères? Presque rien, quelques objets, mes souvenirs et ces gestes culinaires. C’est peut-être ce qu’il restera de moi, dans quelques temps : ce que j’aurais appris à mes filles et ce qu’elles auront à coeur de perpétuer.
Lorsqu’on a vidé la maison de mes beaux-parents, tous les objets auxquels ils tenaient, qui racontaient leur histoire ont été dispersés, jetés, nous en avons récupérés quelques-uns. Il nous reste les souvenirs, mais eux aussi vont s’estomper et disparaitre …
La seule reliance entre mes ancêtres et moi, ce sont les savoir-faire. Ils sont en moi, je les transmets et en les exécutant, le générations qui m’ont précédées continuent à briller un peu de leur lumière.
Et oui, il y a tout ça dans une conserve de tomate faite maison !